Consolider ses souvenirs pour éviter d’oublier
Reconnaître n’est pas connaître
Environ 80% des apprenants de tout âge emploient une stratégie de consolidation inefficace : la relecture d’un document. En effet, la relecture inlassable conduit à reconnaître qu’on a déjà lu le document. On confond alors ce qui est familier avec ce qui est connu. Cette reconnaissance se produit également pour les documents audiovisuels. Lorsque vous regardez un film que vous aviez déjà vu il y a 3 ans, vous reconnaissez avoir déjà vu le film. Mais vous êtes sans doute incapable de prédire la 4ème ou 5ème scène qui suit celle que vous regardez. En fait, chaque phrase que vous relisez, chaque scène que vous regardez de nouveau contient de nombreux indices de récupération qui vous donnent l’illusion de connaître votre document. Sans ces indices, vous n’accédez pas à vos souvenirs. Ils sont présents, mais inaccessibles.
La mise en relief est inutile
De la même manière, mettre en relief un document en le soulignant ou surlignant n’apporte rien, d’autant plus que les éléments importants n’apparaissent qu’au bout d’un certain temps, non pas pendant la relecture. Et ce qui était important hier ne l’est plus aujourd’hui, un apprenant est transformé par ses apprentissages.
Il faut travailler ses notes, pas se contenter de les relire
Les notes que l’on prend ne sont donc pas faites pour être inlassablement relues, mais pour être exploitées par un travail au sens philosophique, soit une transformation. Je me pose des questions, des problèmes, je formule des hypothèses, et je combine mes notes pour y apporter des réponses. C’est ainsi que je m’affranchis du contexte de la formation, que je gagne en flexibilité, que je favorise le transfert à d’autres contextes de ce que j’ai appris. Non seulement mes connaissances sont consolidées par ce traitement génératif (ou élaboratif) de l’information, mais elles s’accroissent par la combinaison des informations. Cette « combinaison conceptuelle », pour employer le terme issu de la psychologie de la créativité, se retrouve dans l’idéation et la résolution de problèmes.
Récupérer le souvenir pour le consolider
Pour consolider le souvenir, relire, réentendre ou revoir ne sont pas des stratégies efficaces de récupération. Par exemple, vous avez eu de manière répétée des euros dans les mains, et pourtant je gage que vous êtes incapable de décrire un billet ou une pièce, sauf si vous êtes numismate.
En revanche, penser régulièrement à un souvenir ou le confier à une mémoire externe (papier, unité de stockage informatique) de quelque façon que ce soit (écrire, parler, dessiner, utiliser…) est une stratégie très efficace de consolidation du souvenir : le rappel libre.
Le rappel indicé, soit la récupération d’un souvenir à l’aide d’un indice est également efficace.
Attention toutefois : le souvenir étant en grande partie une reconstruction et non une copie des stimuli encodés, il se transforme à mesure qu’on le récupère. Il convient donc de se reporter de temps en temps aux stimuli originaux pour mesurer l’écart dans la fidélité avec ceux-ci, et se corriger.
En règle générale, la reconnaissance est plus facile que le rappel indicé qui est lui-même plus facile que le rappel libre. Les évaluations doivent donc s’appuyer sur ce fait.
L’effet de spécificité de l’encodage
Lorsque nous encodons les stimuli, ceux-ci sont liés à un contexte. Lorsque le contexte de récupération du souvenir est proche du contexte d’encodage, on a plus de chances de récupérer le souvenir. Pensez aux scènes de reconstitution d’un crime.
Cela explique que je peux avoir participé à une formation en conseiller clientèle et avoir toutes les difficultés à appliquer ce que j’ai appris si mon environnement de travail est très différent de mon environnement de formation. Cela explique aussi que si je joue au poste d’arrière-droit avec un partenaire habituel, et que l’on me place en défense centrale avec un autre partenaire, je parviendrai difficilement à récupérer mon football. Dans un cas comme dans l’autre, la fidélité du contexte d’encodage propose des milliers d’indices de récupération qui vont me permettre de récupérer le souvenir.
Par « environnement », j’entends « contexte ». Je pense donc aux lieux, mais aussi aux personnes, processus, émotions, etc.
Pour terminer
Un article aussi court ne permet aucunement de faire le tour de la question de la consolidation du souvenir. Voilà pourquoi la prise en compte du cerveau apprenant lors de formations en neuropédagogie s’impose pour optimiser ses propres formations.
La récupération régulière et espacée du souvenir est sans doute l’un des meilleurs moyens de consolider celui-ci, voilà pourquoi XOS propose des boosters une fois la formation achevée.
Comprendre et mémoriser sont deux activités liées mais distinctes.
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Article rédigé par Pascal Roulois, enseignant et chercheur en neuropédagogie.