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Encoder pour favoriser la rétention mémorielle et lutter contre l’oubli en formation

27
November
2019

Toutes les informations que nous n’utilisons pas régulièrement ont tendance à s’effacer de notre mémoire. Si la solution au problème de la lutte contre l’oubli se trouve dans la phrase précédente, il existe aussi des stratégies qui permettent de combattre la courbe de l’oubli. Dans cet article, je vais exposer quelques stratégies qui portent sur l’encodage.

Il faut soigner l’encodage

L’encodage est le mécanisme qui nous permet de coder les stimuli, c’est-à-dire de transformer les informations perçues par nos sens en des représentations qui laisseront une trace mnésique.

De la qualité de l’encodage dépend la qualité de la récupération, soit notre capacité à récupérer nos souvenirs. Il faut donc particulièrement soigner l’encodage.

L’attention est primordiale

Cela implique d’être attentif, c’est-à-dire de pouvoir éliminer les stimuli indésirables, ceux qui ne participent pas à l’apprentissage. Notre système attentionnel est en effet très limité.

La clarté de l’information transmise est importante…

Les informations à encoder doivent être compréhensibles, ce qui implique de la part du formateur une bonne connaissance de son matériel pédagogique mais aussi une langue claire et précise et des qualités d’explication. L’apprenant doit quant à lui disposer des connaissances préalables requises.

…Mais insuffisante pour former un souvenir.

Comprendre est insuffisant à garantir le stockage de l’information parce que l’encodage et le stockage sont des mécanismes différents (Lieury, 1979).

La clef du succès : le travail personnel de l’apprenant qui transforme l’information

L’apprenant doit donc s’approprier les informations transmises par le formateur lors d’un travail de transformation qui marque son engagement cognitif. Ce travail peut prendre différentes formes : émettre des questions et réflexions, transformer un texte en dessin et inversement, reformuler, résumer, synthétiser, enseigner, modifier l’ordre, faire des liens avec d’autres thèmes, critiquer, etc.

Ce travail de transformation de l’information est capital. Il peut être réalisé pendant le temps de formation dans le cadre de la classe renversée par exemple, mais aussi d’un cours magistral rénové, qui consiste à laisser des pauses régulières afin de s’approprier le matériel pédagogique, et bien entendu, hors du temps de formation.

La nécessité d’un contexte riche…

S’il ne faut pas transmettre trop d’informations à la fois, chaque information importante doit être transmise dans un contexte riche. Il sera en effet plus difficile de se souvenir du mot « oiseau » dans la phrase « l’oiseau vole dans le ciel » que dans la phrase « Mon amie Manon a longuement observé un oiseau au plumage bleu voler dans le ciel puis fondre dans l’océan ». Dans la première phrase, le mot « oiseau » est associé à 5 autres mots, contre 19 dans la seconde. Chaque mot associé à « oiseau » constitue potentiellement un indice de récupération. Plus on a d’indice de récupération, plus on a de chances de récupérer le souvenir.

…Associé à des caractères distinctifs pour entretenir la variété

Assurer un caractère distinctif aux informations lors de l’encodage est aussi un excellent moyen de combattre la courbe de l’oubli puisque dans ce cas, on lutte contre l’interférence proactive et rétroactive.

Ce caractère distinctif peut s’appliquer à ce qui forme le contexte : lieu, moment, personnes présentes, émotions…

Il peut aussi s’appliquer lorsque le formateur (ou toute source : livre, site Internet, logiciel…) varie les pédagogies.

Bref, il faut introduire de la variété afin de proposer à l’apprenant une succession de moments uniques. Si nous ne mémorisons pas bien les nombres, c’est parce qu’ils résultent de combinaisons de 10 chiffres seulement. 10543 et 15304 se ressemblent trop pour les distinguer, donc éviter l’interférence proactive et réactive.

Il existe évidemment bien d’autres stratégies. Si cela vous intéresse, je vous donne rendez-vous à notre prochaine formation « Initiez-vous à la neuropédagogie ».

Dans le prochain article, je dévoilerai quelques stratégies liées à la récupération du matériel pédagogique.

Article rédigé par Pascal Roulois, enseignant et chercheur en neuropédagogie.

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